Une partie de chasse avec Edward avant les evenements

Ma journée touchait à sa fin. Et pour une fois je n’étais pas mécontent de quitter l’hôpital. Trois décès en cette journée et deux interventions qui avaient faillit mal tournée. Ma faute ? Certainement pas, non la faute du destin … Une crise cardiaque, un arrêt brutal du cerveau et je n’avais rien pu faire pour les sauver. Le sentiment d’impuissance qui c’était emparé de moi, me rendit aigrit pour le reste de ma matinée ce qui ne manquait pas d’échapper à mon équipe. Le plus étrange est que lorsque cela arrive aux personnes âgées cela me touche moins. Mais à vrai dire en y réfléchissant, je ce n’est pas si étrange que ça non … C’est plus dure quand c’est quelqu’un de jeune, plus injuste que la vie s’achève alors qu’il n’avait pas encore vu le monde. Cet enfant, qui m’avait regardé une dernière fois avant de s’endormir, il était sure de pas s’en sortir mais moi j’y croyais, j’étais persuadé d’y arriver. J’ai fais mon maximum pour le sauver, jusqu’à bannir toutes les personnes du bloc opératoire pour réussir mon acte chirurgicale mais en vain … Il est décédé à la suite d’une hémorragie interne. Et je ne pouvais plus rien pour lui enfin presque … si seulement j’avais pu lui offrir cette chance …

J’avais quitté l’hôpital sans adresser le moindre au revoir, déposant simplement mon badge à l’accueil. Un sentiment de culpabilité me dévorait en plus de la faim. Assis dans ma voiture, j’avais déposé ma blouse sur la banquette arrière, et j’avais mis mes lunettes de soleil sur le nez pour ne pas me renvoyer l’image de mes yeux noir que la faim avait fait changer de couleur. Une fois le contact enclenché, je mis un cd de musique classique pour essayer de me détendre mais à quoi bon … son visage me revenait directement dans ma tête. Cramponné au volant, j’accélérais pour arriver chez moi. La porte du garage s’ouvrit et je me garai à ma place habituelle. Je descendis, n’oubliant pas de jeté ma blouse dans la corbeille de linge sale, ainsi que ma chemise. Je gagnais le salon pour y déposer un mot « partie chasser. Carlisle » je pris un pull noir que j’enfilais tout en me dirigeant vers le jardin.
La maison était déserte comme tout les après midi. Les enfants devaient être à l’école …
J’atteignis la foret rapidement, me laissant guider par mon odorat. Il y avait un animal pas loin de moi, j’en étais certain. Mais je ne fus pas plus excité face à son odeur. Non, je n’avais même pas envie de le chasser. Je le regardais sans bouger. Un cerf broutait l’herbe ou la mousse, je ne saurais dire. Il ne semblait pas m’avoir entendu, alors que j’étais qu’à quelques mètres de lui, caché et appuyé contre un arbre. Pourtant quelque chose venait de l’effrayer car il prit la fuite. Je me retournais pour déceler la moindre trace de l’objet se son évasion mais rien à part des arbres à perte de vue et ce rocher au loin perdu en pleins milieux des broussailles. Je fus quand même déçu que ma proie venait de me filer sous les yeux, mais sans plus, rien que l’idée de boire du sang me dégouté. Je n’en avais que trop vu pour la journée.
Je m’approchais du rocher, pour m’y adosser et m’assoir sur le sol, les genoux relevé, les bras posé dessus et la tête contre la roche dur et aussi froide que la mienne. J’avais envie de réfléchir, et surtout j’avais envie de trouver une seule réponse logique à mon impuissance cette journée. Pourquoi, j’étais dans un état d’inquiétude alors que j’étais confronté à la mort chaque jour ?
Je pris une profonde inspiration et reconnu aussitôt l’odeur d’Edward. Que faisait-il ici en plein après midi ?
Je levais ma tête vers le haut du rocher pour le voir accroupis.

- Edward ? tu n’es pas au lycée ? lui demandais-je cureiux de sa présence.

J’étais encore légèrement sous le choc après cette rencontre à laquelle je ne m’étais pas attendu. Emmett était plus loin, alors qu’il avait repéré un grizzli qui chassait également à quelques kilomètres d’ici. Je n’avais pas eu le cœur à le suivre, bien trop perturbé par l’odeur, non par l’humaine que je venais de rencontrer. J’avais été à deux doigts de la tuer, de répandre son sang sur le sol de la cantine avant de m’en délecter. Mon cerveau bouillait, tandis que le monstre en moi me souriait à cette simple perspective. Je me pris la tête dans les mains, massant mes tempes comme si ce simple geste pouvait m’aider contre cette bête hideuse que j’hébergeais. Non je ne pouvais m’en défaire aussi facilement et j’étais si prêt de flancher devant l’ardeur de son envie et de retourner au lycée pour l’assassiner. La voix mielleuse faisait tout pour m’en convaincre tandis que je bataillais contre elle. Je voulais rester un homme bien et ce malgré ce que la vie m’avait fait dans le temps. Je voulais rester humain était-ce si difficile à réaliser?

Oui….malheureusement pour un vampire. Mais j’en étais capable car il y avait une personne que je ne voulais pas décevoir. Mon père.

Il avait tant fait pour moi depuis que je l’avais rencontré en Italie. M’avait tout donné et surtout m’avait fait confiance. Je ne pouvais le trahir, succomber ainsi alors que des années de son temps lui avaient été substitué pour qu’il fasse de moi un végétarien. Je ne pouvais tout détruire pour une pulsion. Je me mémorisai les différents visages. Le mien, pâle et cerné, les yeux d’encres, les traits tordus et le sien si doux et calme, ses yeux dorés bienveillant qui me regardaient avec cette confiance qui semblait inébranlable. Je me suis concentré sur lui, cherchant à apaiser ce monstre qui voulait me pousser à commettre l’irréparable.

Soudain une odeur. La sienne qui me parvenait comme pour m’aider à rendre son image plus réelle. Je me calmais petit à petit, respirant à fond l’air pur et cette odeur bien réelle. Réelle?Je rouvris les yeux et le vit non loin de moi, le visage reflétant sa curiosité de me voir hors du lycée à cette heure de la journée.

Je descendis souplement du rocher alors que justement il me posait la question.

-Il me fallait quitter les lieux car j’ai faillit …

Je me tus quelques secondes, la honte m’envahissant alors que je me crispai légèrement.

-Je suis désolé.

Que dire de plus? Je ne pouvais ainsi m’étaler davantage sur mes problèmes, ce n’était pas dans ma personnalité. Je le regardai également alors que le monstre reculait dans l’ombre. Je me sentais bien mieux maintenant en sa présence, l’envie de tuer étant moins intense et présente. Ce n’était pas pour ça que je pouvais oublier la fille facilement, ni elle, ni ses longs cheveux bruns, ses yeux marrons intenses et son odeur…. À oublier pour le moment.

Edward me semblait pensif, distant. Je ne le connaissais que trop pour ne pas comprendre que quelque chose le tracassait. Mais le faire parler était un véritable défit que j'essayais en vain de vaincre.
Mais son attitude m'alarma quand il prononçait quelque mot que j'eus du mal à comprendre.
Me relevant je m'approchais de lui pour lui faire face inquiet.

- Tu as faillit quoi ?

Si c'était le mot 'tuer' qu'il s'apprêtait à me dire, je ne saurais comment réagir et je serais surtout fort surpris.

- Désolé de quoi Edward ? Je n'aime pas cette façon de survoler le sujet. Explique moi ce qui ne va pas.

Contrairement à lui, je ne pouvais savoir ce dont il était soucieux. Mais comment lui faire comprendre que parler pouvait être une solution assez simple pour régler ses problèmes ?
Dans un soupire, je mis ma main sur son épaule avant de regarder autour de moi. La nuit allait commencer son ascension vers le sol dans quelques temps, mais le temps n'était pas un problème. Loin de là, et l'endroit regorgeait de nourriture. Bien que l'envie soudaine me revenu comme si mon fils était une source d'apaisement, j'avais envie de passer du temps avec lui. Son regard et la couleur de ses yeux ne trahissait en rien sa soif. Devais je lui proposer une petite courses? une question bien trop ridicule car il lui suffisait de lire en moi. D'un sourire, je fuyais de nouveau son regard pour regarder au plus profond de la foret. Ma vue aiguisé, me permettait d'apercevoir le moindre mouvements au loin, et celui que je venais d'apercevoir m'était fort appréciable.

- tu prends le puma, je prends l'élan !

Carlisle avait compris que j’avais quelque chose, et mes paroles ne faisaient que l’intriguer davantage. Pourtant je n’avais pas envie d’en parler, aucune envie de m’étendre sur mes erreurs. Au contraire, je voulais passer et oublier cet épisode dans la cantine. Oublier les tourments que cette fille m’avait infligé, oublier que j’avais faillit redevenir ce meurtrier et ce, même pire car c’est une jeune fille, fragile, douce et innocente qui avait faillit mourir sous mes dents. Je secouai la tête sous le flot de questions que je sentais venir alors qu’une franchissait d’ailleurs la barrière de ses lèvres. Je m’abstins de répondre, honteux, comment ne pas l’être d’ailleurs? Surtout qu’il avait bien compris, oui j’avais faillit tuer. Évidemment, il n’appréciait pas le fait que je n’en dise pas plus. Je demeurai immobile le visage sombre avant de murmurer.

-Carlisle, je ne tiens pas à en parler maintenant.

Peut-être avait-il raison. Peut-être que parler me déchargerais de ce poids. Mais je n’y parvenais pas. Un peu de temps supplémentaire ne me ferait pas de mal. Excuse pathétique certes mais la seule que j’avais en réserve pour me persuader de garder le silence. J’avais sans doute peur de voir le dégoût et la déception envahir son regard. Il dût comprendre que je n’étais pas prêt dans l’immédiat et il n’ajouta rien, se contentant de penser à un moyen de distraction. Et si lui avait envie de passer du temps en ma compagnie, le contraire était tout aussi vrai.

-Je suis d’accord pour une course.

Je souris avant de partir en flèche, serpentant parmi les arbres tout en suivant mon odorat. L’odeur de l’animal me parvenait avec intensité et je pus ainsi libérer l’animal qui dormait en moi. Je me rapprochai de la terre, à l’affût alors que par intermittence, j’apercevais le pelage couleur de sable de l’animal que je traquais. J’accélérais légèrement puis bondis. J’entrevis alors son regard bleus, un éclair de peur avant qu’il ne décide de se défendre. Il retroussa les babines, dévoilant une rangée de dents, geste que je fis en miroir. Je tendis les bas en avant, enserrant sa gorge, avant de resserrer mon étreinte autour de son cou. Il tentai de me griffer, mais je l’évitai sans aucun problème, évitant à mes vêtements de se retrouver en lambeaux. Une faille…. Je plantais mes dents dans sa gorge, sentant le liquide chaud glisser dans ma propre gorge, la chaleur envahissant mes veines,le sang rendant ma peau moins blanchâtre.

Je déposai le cadavre sur le sol, en douceur, avant de vérifier ma tenue sans une goutte de sang. Je m’améliorais de plus en plus au fur et à mesure des années. Je repartis en direction du sud, là où je pensais trouver mon père.