Une rencontre déterminante [Alex] [terminé]

Les mots restaient coincés au fond de ma gorge, je n’arrivais pas à lui dire ce que je ressentais au fond de moi. En réalité, j’avais bien plus peur de sa réaction à une déclaration de la part d’un garçon rencontré quelques heures plus tôt. Je ne ratais pas mon coup…J’avais toujours eu de la chance avec les filles, je ne déplaisais pas à première vue même si de mon côté, j’avais besoin de temps et de découverte. Enfin, plus maintenant car pour Alex, je ne savais rien…si ce n’est que c’était la femme de ma vie. Je le sentais dans tout mon être, mon cœur débordait d’amour pour elle. De plus, elle me faisait découvrir plusieurs sentiments totalement inédit, du moins lorsque l’on en regardait la profondeur. L’amour, la joie réelle, la peur…J’avais terriblement peur pour elle chaque fois que je la perdait de vue. Il fallait que je le lui dise, garder un tel sentiment était impossible.

Mais à ce moment précis, elle s’écarta. Son visage était tourné vers le sol si bien que je ne voyais pas ses yeux, incapable donc de deviner ce qui lui passé par la tête. Je ne comprenais pas cette réaction, et le fait qu’elle me tourne à présent le dos ne m’aidait pas plus.

Je ne savais plus vraiment comment réagir. Je m’apprêtais à en finir, mon hésitation avait peut-être déclenché chez elle des idées qui n’étaient pas la vérité. Les mots allaient franchir cette barrière quand sous mes yeux, elle s’effondra sur le sol. Il ne me fallut que quelques secondes pour réagir, la récupérant dans mes bras avant d’écarter de son visage les quelques mèches de cheveux qui s’obstinaient à s’y coller. Mon dieu, pourquoi s’était-elle affaissée ainsi?

La soulevant avec facilité, je la serra en douceur tout en la regardant avec inquiétude. Elle respirait normalement mais semblait en revanche, plutôt faible. Qu’avait-elle? Mais auparavant, il me fallait trouver une sorte d’abri, que la pluie cesse de la mouiller ainsi et qu’elle puisse se réchauffer. Regardant autour de moi, je souhaitais repérer n’importe quoi, pourquoi pas.…une grotte? Je rejoignis la cavité, dissimulé derrière des haies hautes, que je pus écarter sans difficulté. La posant délicatement sur le sol, je retirais ma veste avant de la rouler en boule et de la placer sous sa tête. Portant la main à sa joue, je grimaçais. Sa peau était gelée et elle ne semblait toujours pas réagir. Bon sang, que me faisait-elle? Allait-elle s’évanouir pour de bon?

-Je t’en prie Alex, ne me fais pas une telle chose!

Pour le moment, je devais la réchauffer. Dehors, les trombes d’eau m’empêchait d’espérer trouver du bois sec pour faire du feu… Il ne me restait qu’une solution, une solution qui ne me plaisait vraiment pas. Mais je n’avais pas le choix. J’étais certes très chaud, mais pas autant que sous ma forme animale. Et de plus, je ne me sentais pas le droit de la serrer alors que je serais à demi nu. Je ne souhaitais pas lui manquer de respect. Je me penchai vers elle, m’approchant de son oreille, espérant qu’elle puisse m’entendre.

-Alex…je voulais te dire…je t’aime.

Me relevant, je me déshabillais rapidement, ne tenant pas compte du froid, ne gardant que mon short. Elle avait toujours les yeux fermés, et ne pourrait donc rien voir. Cachant mes affaires sous une pierre, je me laissa aller. Je tombai sur le sol, tombant sur la douceur des pattes de loup. Mon odorat était à présent bien plus puissant, et son odeur me monta rapidement à la tête. M’allongeant près d’elle, je me serras contre elle afin que la chaleur l’atteigne. Je savais mon pelage doux, heureusement, mais j’avais également conscience qu’elle serait plus qu’effrayée en se réveillant. Je ne savais pas comment je pourrais la rassurer mais pour le moment, mon but était de lui tenir chaud.

Ce que je ressentais à ce moment précis…Le sentiment qui était dominant… Je dirais l’appréhension quand à ce qui allait suivre. Ses réactions me stressaient davantage qu’une bagarre contre une dizaines de gars…. C’était tellement plus facile que cette angoisse sourde qui normalement n’aurait pas eu de raisons d’être. Après tout, elle n’avait montré aucun signe de peur en demandant si j’étais bien ce garçon qu’elle avait rencontré un peu plus tôt. J’avais confirmé mais les secondes s’éternisaient…Où était-ce moi qui en avait l’impression? C’était possible, car je perdais toute notion du temps ainsi perdu dans son regard, à la recherche d’un quelconque signe qui pourrait m’aiguillier sur les pensées qui l’agitaient, sur les émotions qui la submergeaient.

Son visage se métamorphosa sous l’apparition d’un sourire magnifique qui me bouleversa sans que je ne trouve les mots juste pour décrire cette sensation née une fois de plus dans ce cœur qui désormais ne semblait battre que pour elle. Il me semblait que rien ne pouvait me rendre plus heureux que cette instant magique où ses prunelles brillaient, où son sourire mettait en valeur la beauté de ce visage. C’était sans compter sur la suite, sans compter sur l’étreinte qu’elle me donna. Ses bras passant autour de mon cou, signe qu’elle acceptait ma nature, qu’elle acceptait ce que j’étais tout en continuant à me considérer comme un ami. Mais les surprises n’étaient pas terminés. Elle se détacha légèrement juste assez pour que nos yeux se joignent, se rejoignent comme aimanté par cette même envie de se perdre dans les profondeurs de l’autre. Dans ses prunelles, je pouvais lire un sentiment auquel j’avais peur de croire. Mais le contact fut brisé, un second fut crée lorsque ses lèvres se déposèrent sur ma joue…enfin ce qui l’était sous ma forme animal, cause d’une soudaine chaleur intense.

Ses paroles m’électrocutèrent. Trois mots seulement pourtant, mais qui étaient sans doute les plus beaux qu’elle pouvait me dire, les plus beaux que je pouvais entendre de sa part. Ses paroles résonnaient dans tout mon être comme dans un rêve, un écho qui ne tirait sa source que dans l’imagination fertile d’un homme éperdument amoureux. Mais il n’en était rien car son hyperbole était bien personnelle et surtout infiniment belle. C’était un cri de son propre cœur, un cri que je voulais lui hurler sans le pouvoir sous cette apparence, un cri qui résonnait comme l’écho de mon propre sentiment. Et si elle ressentait la même chose que moi, si nos deux âmes s’étaient liés de façon aussi étroites…Elle venait de m’offrir la plus belle chose, elle venait de me présenter un avenir radieux. Je savais que mes sentiments pour elle seraient éternels, je n’en savais pas autant sur elle mais j’étais désormais certain que nos chemins s’étaient définitivement rejoint.

Nos yeux s’étaient rejoint pour ne plus se quitter. Je la dévorais des yeux, explorant encore et encore son minois savamment éclairée par cette touche de lumière qui nous parvenait de l’entrée de la grotte. Dans mon esprit, je gravais chacun des traits parfaits de son visage bien que désormais je savais pouvoir les admirer chaque jour. Et savoir une telle chose me rendait tellement heureux qu’il me fallait extérioriser ce sentiment bien trop intense pour que je le supporte seul. Posant mes pattes sur ses genoux, je la léchais généreusement mais brièvement sur la joue.

Ses lèvres remuèrent alors, véritable appel à la tentation. Heureusement pour elle, sous cette forme, je ne pouvais guère l’embrasser car si à cet instant précis j’avais était humain, je n’aurais pas eu le courage de la laisser commencer sa phrase.
A travers ses mots, je la découvrais petit à petit, ne voyant en elle pour le moment que des qualités, dont celle de toujours me surprendre. Ce n’était pourtant pas une chose que beaucoup parvenaient à faire, et elle y arrivait souvent. Elle me proposait de passer la nuit chez elle, mais plus fort encore, elle me faisait part d’une faiblesse, elle m’avouait qu’elle ne pouvait plus se passer de moi ne serait-ce que quelques heures. Je rougis fortement bien qu’elle ne pouvait le voir. Je lui répondis mais mes mots n’étaient que des jappements. Secouant la tête, je m’éloignais doucement. Elle m’avait avoué des sentiments puissants, avait accepté ma métamorphose, mon côté animal et ce avec le sourire alors que faire confiance aux hommes lui était si difficile.

Je devais lui prouver à mon tour combien je l’aimais… Et me transformer devant elle était une marque de confiance. Rejoignant l’entrée, je repérai le rocher dissimulant mes vêtements. J’avais l’esprit sérieusement embrumé par ses mots mais pas assez pour nous gêner tous deux en restant à demi nu plus que nécessaire.

Respirant à fond, je lui jetai un dernier regard avant de laisser mon côté humain prendre le dessus. Mes bras rétrécir, mes jambes également, le duvet laissant place à ma peau nu sous la fraîcheur de ce temps pluvieux bien que celle-ci ne pouvait m’atteindre après une telle déclaration de sa part. Une fois humain, je touchai mes joues, qui n’étaient plus brûlantes mais incandescentes. Malgré l’envie qui me taraudait, je ne lui jetai pas un regard, m’obligeant à m’habiller avant de pouvoir la serrer dans mes bras. Passant mon t-shirt et mon jean, je ne pris pas le temps d’enfiler les chaussures, bien trop impatient de la retrouver.

Je me tournai vers elle, et ma respiration fut bloqué. Elle, si belle était tombée amoureuse d’un garçon inconnu et loup de surcroît…Et je n’avais aucun mal à me rendre compte de la chance infini de l’avoir rencontré ce matin sur la plage, instant que je l’oublierais jamais.

M’avançant vers elle, je m’accroupis avant de sourire doucement.

-Alex, tu es réellement la plus belle chose qui me soit arriver et jamais je n’aurais espéré que mes sentiments si soudain puissent être partagés. Même en découvrant ma forme animale, tu es restée…

Incapable d’en dire plus, je la saisis par les épaules avant de l’embrasser fougueusement, lui transmettant toutes mes pensées dans ce geste plutôt que par la parole, n’arrivant pas à prononcer un mot ou encore une idée sans m’embrouiller.
La relâchant afin de reprendre ma respiration annihilé, je souris tout en passant la main dans mes cheveux noirs, le rouge aux joues et une brin gêné en repensant à sa question. A mon tour d’être franc avec elle

-Je t’avoue que je n’ai aucune envie de te quitter maintenant… non plus que ça j’en suis totalement incapable. Mais je ne vois pas comment nous pourrions rester ensemble. Ton frère va sûrement se demander ce que tu fais avec un garçon si tu débarques chez toi avec moi.

.Sous sa peau que je savais d’une douceur incomparable, le sang afflua colorant son épiderme pâle d’une rougeur exquise. Ce spectacle qui pourtant était anodin, était tout à fait fascinant et je ne parvenais pas à détacher mon regard de ses joues bien que me laisser dériver vers ses lèvres d’un rouge encore plus soutenu, semblable à un bouton de rose, de coquelicot ou je ne sais encore quelle fleur quoique aucune d’elle ne pouvait prétendre égaler la beauté de sa bouche. Était-ce moi qui pensais de telle chose? Je me découvrirais un côté plus que romantique si je me mettais ainsi à délirer sur les fleurs et les métaphores liant son corps à la flore. Secouant doucement la tête, je souhaitais me remettre les idées en place… Retrouver un peu de moi dans toute cette histoire quoique… je la regardai un nouvelle fois, un sourire pensif aux lèvres, non en réalité, je ne m’étais jamais sentit aussi moi de toute ma vie. Je n’avais jamais crée d’images à offrir aux autres, me moquant de ce que les gens pouvaient pensé de mes réactions. Mais là était le problème. J’avais toujours montré le rebelle, hors j’avais un côté plus doux qui ne ressortait qu’en sa présence à elle, coexistant pour la première fois à égalité, avec celui rebelle. Voilà pourquoi j’étais autant déstabilisé, je n’avais pas l’habitude de montrer mes faiblesses bien au contraire, je n’avais pas l’habitude de déclamer mon amour, je ne me souvenais pas d’ailleurs n’avoir jamais dit à quelque un je t’aime, jamais dit à quelque un combien sa présence m’était nécessaire peut-être parce que ce besoin n’avait jamais été présent.

Elle parla, un phénomène qui me fascinait tout autant que ce rouge sous sa peau. Sa voix semblait tiré d’un instrument de musique et j’étais plus que persuadé qu’elle n’en avait pas conscience. Oh Caleb, ressaisis toi. Cette situation était sans doute nouvelle, mais il ne me fallait pas non plus partir dans tous les sens. Je ne devais pas laisser mon côté doux prendre le dessus, j’avais besoin du rebelle. Mais ses paroles ne me touchèrent qu’une fois de plus trop profondément pour que je puisse réfléchir. Oh et puis réfléchir à quoi? Etait-ce réellement utile? Elle m’avouait que je sois un loup ou non lui importait peu, car elle m’aimait… Ses mots étaient sublimes et gravés pour tout le long de ma vie dans ma mémoire.

Je ne pus que sourire avant que nos bouches de ne joignent, que nos respirations ne se mêlent, que nos langues ne s’unissent.

Mais comme tout moment magnifique, celui-ci prit fin, même si je savais qu’il se reproduirait encore et encore du moment que nos sentiments demeuraient aussi fort qu’à présent.

Et de mon côté je n’avais aucun doute.

J’en vins à cette fameuse phrase qu’elle avait dite avant que je reprenne ma forme humaine, cette phrase qui était également une preuve de ses sentiments pour moi, du moins de leur profondeurs. Cependant, elle m’avait déjà parlé de son frère au bar et je n’étais pas certain qu’il apprécierait que sa sœur soit ainsi accompagné d’un inconnu. Surtout avec tout ce qu’ils avaient vécu par le passé.

La remarque d’Alex me tira un léger sourire. Si je la suivais, il me faudrait usé de diplomatie et ne pas m’emporter sur le moindre mot comme j’avais l’habitude de le faire. Je croisai une fois de plus ses yeux magnifiques. J’en étais capable pour elle.

-Alors je te suis Alex.

Je me relevai, lui tendant la main pour qu’elle fasse de même tout en jetant un coup d’œil à l’entrée de la grotte.

-La pluie s’est arrêté.

Sans lâcher sa main, je me glissai au dehors afin de rejoindre ma moto et notre seul moyen de locomotion.